La coercition en psychiatrie désigne des pratiques comme l’isolement, la contention mécanique (recours à des sangles pour attacher le patient au lit), l’hospitalisation sans consentement, ou l’administration forcée de traitements à hautes doses. Or, ces pratiques et leurs dérives sont de plus en plus contestées, que ce soit au niveau international, européen et, depuis peu, en France. Au vu de leurs effets négatifs sur les patients et les équipes de soin, et du fait que leurs effets thérapeutiques n’ont pas été suffisamment démontrés, il est aujourd’hui affirmé qu’elles doivent être limitées aux situations extrêmes.
Cependant, le recours à ces pratiques, et en particulier l’isolement et la contention, reste fréquent en France voire en hausse depuis une vingtaine d’années, notamment en lien avec l’essor, social et politique, d’une conception sécuritaire qui a un impact sur la psychiatrie. On remarque aussi d’importantes variations entre les hôpitaux voire entre les différents services d’un hôpital. La coercition nécessite donc de faire l’objet d’études qui pourraient permettre de comprendre comment et pourquoi elle est appliquée (les « facteurs »), de mieux comprendre les conséquences sur les patients, mais aussi sur le personnel soignant (les « effets »), et de déterminer des stratégies et des méthodes pouvant permettre l’évolution des pratiques et de l’hôpital (les « leviers »).
La réalisation de ces études nécessite plusieurs disciplines, dans la mesure où les facteurs, les effets et les leviers de la coercition sont individuels, systémiques (c’est-à-dire, en rapport avec les équipes de soin et le fonctionnement de l’hôpital) et territoriaux (c’est-à-dire, en rapport avec les familles, les voisins, la mairie, la préfecture, et les décisions juridiques). TRANSPSYCO réunit ainsi des chercheurs.euses de plusieurs disciplines (médecine, sociologie, sciences de l’ingénierie, droit, géographie, santé publique) pour étudier les facteurs et les conséquences de la coercition, mais également pour imaginer des actions permettant aux hôpitaux et aux professionnels un recours limité à ces mesures. »
Éric Fakra est psychiatre et Professeur des Universités-Praticien Hospitalier (PU-PH). Il est chef de service secteur Saint-Étienne (Centre Hospitalier Universitaire de Saint Étienne) et chercheur rattaché à la Faculté de Médecine de Saint-Etienne de l’Université Jean Monnet et au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon.
Il est responsable de l’équipe PSYR2 (Troubles Psychiatriques, Recherche en Neurosciences et Recherche Clinique) du CNRL. Il coordonne de nombreuses recherches dans le domaine de la psychiatrie et des neurosciences, dont le PREPS PRESTO sur le développement de l’intervention précoce en psychiatrie.
Xavier Boucher est Professeur et Chercheur au Centre Ingénierie et Santé de Mines Saint Etienne. Spécialiste des sciences de l’organisation et de l’aide à la décision, ils développent des recherches focalisées sur l’organisation territorialisée des systèmes de soins.
Membre actif de plusieurs sociétés scientifiques internationales (IFAC, IFIP, SAGIP, SOCOLNET), il a participé à plusieurs projets européens et il est actuellement coordinateur du projet CoDEMO (2023-2026) sur les organisations 5.0, notamment dans le secteurs de la santé. Xavier Boucher a également été coordinateur de 2 projets ANR.
Sébastien Saetta est sociologue et chargé de recherche à ENSEIS Recherche. Il est également chercheur associé au CHU de Saint-Étienne et à l’UMR Centre Max Weber. Ses recherches visent à interroger et analyser les transformations du champ de la santé mentale et la psychiatrie. Il coordonne actuellement deux projets : le projet PLAID-Care qui porte sur les établissements moins coercitifs en psychiatrie, ainsi que le projet TADOPSY, sur la consommation de tabac des adolescents et jeunes adultes avec un trouble psychique en institution.